Les Trentes Glorieuses (2)

Publié le par phnaudin-daeu

  II – LA CRISE DE 1973 : RETOURNEMENT DE LA CONJONCTURE

 

A) Cause réelle et cause apparente :

 

1-  cause réelle : le problème monétaire

 

Ø  le dollar baisse : les USA en perte de compétitivité voient se creuser le déficit de leur balance commerciale. Les dépenses militaires augmentent avec la guerre froide et le déficit de la balance des paiements fait baisser les réserves d'or qui garantissent la valeur intrinsèque du dollar.

Ces 3 facteurs concourent à affaiblir le dollar, seul convertible en or.

Ø  Le dérèglement du SMI : le 15 août 1971, le dollar cesse d'être convertible en or  et la Banque Fédérale US peut émettre autant de billet qu'elle le souhaite…

En 1976, à la conférence de la Jamaïque, le système de Bretton Woods est définitivement enterré : la parité entre monnaies disparaît et est remplacée par le "change flottant" ; en bref, les  monnaies sont cotées en bourse comme n'importe  quel produit d'échange.

L'étalon-or est remplacé par une nouvelle unité de compte (= monnaie qui ne sert qu'aux opérations comptables / monnaie d'échange), le DST créé en 1969 pour soutenir le système (= droit de tirage spécial = une valeur calculée en fonction, des cours de 5 devises).

 

    2-  cause apparente : la crise du pétrole

 Les cours de matières premières suivent les fluctuations du dollar : le pétrole, énergie de base de la "seconde révolution industrielle", produit à bas prix ne fait pas exception. La dévaluation du dollar entraîne une perte de revenu pour les producteurs.

De plus, plusieurs pays producteurs nationalisent leur production (Algérie, Irak, Libye ) aux dépens de compagnies anglo-américaines. La guerre du Kippour en Israël (1973) et la révolution iranienne (1979) finissent de déstabiliser ce marché .

 

Chronologie de la crise :

1973 : 1er choc pétrolier : le prix du pétrole est multiplié par 4 par les pays de l'OPEP pour pallier la chute du dollar et donc leur baisse de revenus.

1979-80 : 2eme choc pétrolier : le prix du pétrole est multiplié par 2 pour les mêmes raisons.

1981-85 : 3ème choc pétrolier : l'OPEP réduit sa production, en instaurant des quotas.

1985-87 : les pays du Golfe se lancent dans une guerre des prix pour reconquérir les marchés, après la mise en exploitation des pétroles de la Mer du Nord,  le succès des politiques d'énergie dans les pays industrialisés et le lancement de production électrique d'origine nucléaire.

NB : dans les années 90, le prix du baril de pétrole (159 litres) revient à ce qu'il était avant la crise, pour s'envoler de nouveau après 2002.

                     

A)   Conséquences :

Les cours des matières premières n'ont plus de stabilité ; ils grimpent avec le dollar d'où un renchérissement des coûts de production que les entreprises compensent en restreignant l'emploi (= chômage). La production industrielle recule, les prix montent, de même que l'inflation (# 10% l'an) car les salaires sont indexés sur les prix.

On arrive à l'équation suivante :

 

CHOMAGE + INFLATION + STAGNATION ECONOMIQUE = STAGFLATION

 

C'est une situation inédite, que l'économiste américain Milton Friedman essaie d'expliquer ; il considère que tout intervention de l'Etat est inutile sinon nuisible : Margaret Thatcher (GB) puis Ronald Reagan (USA) se prévalent de ce "monétarisme" pour démanteler ce qu'on a appelé "l'état-providence".

Dans les autres pays libéraux : les politiques de solidarité mises en place après-guerre tentent de limiter les dégâts pour les plus défavorisés.

 

 

 

Dans les pays marxistes, la crise est ressentie aussi, mais est accentuée par les lacunes du système, d'où pénurie de biens de consommation, frustration des populations et développement des "marchés parallèles". Sans doute est-ce là une des causes des révolutions de 89-91.

 

 

B)   les moyens de lutte

Ø   Directement : on peut essentiellement tenter de juguler l'inflation par blocage des prix et des salaires : ce qui entraîne immanquablement des problèmes sociaux. En réalité, "les prix montent par l'ascenseur, mais les salaires par l'escalier de service" : c'est donc le pouvoir d'achat des ménages qui se trouve amputé.

Ø   Indirectement : on peut agir sur les  coûts de production, le plus lourd étant le coût de la main-d'œuvre (salaires+ charges sociales).

-    Les industries à faible valeur ajoutée comme le textile et l'industrie lourde vont être délocalisées vers les pays en développement où la main-d'œuvre est bon marché et docile : on crée de la sorte une division internationale du travail.

           -    Les industries de main d'œuvre qualifiée (se tournent vers la robotisation. ( ex : l'automobile)

      -     Partout les entreprises se restructurent pour limiter leurs coûts et retrouver la compétitivité. Partout l'informatisation paraît être la panacée pour réduire les effectifs.

Ce type de réaction concoure à aggraver  le problème du chômage : chaque entreprise traite le problème à son niveau, alors qu'il se pose à un autre niveau, celui de l'économie mondiale. L'aspect humain sur lequel on avait mis l'accent pendant les 50 années précédentes est négligé devant la toute puissante compétitivité.

 

CONCLUSION

         

 

Ø  On a pu parler d'un "nouvel ordre économique mondial" avec le retour éphémère à la croissance des années 80.

Ø  On a vu s'installer un nouvel ordre géographique avec l'apparition de nouveaux pays industrialisés (NPI), l'émergence des "Tigres et dragons", puis plus récemment des grandes puissances de demain : Chine, Inde, Brésil… qui accélèrent la raréfaction des matières premières ( donc leur renchérissement).

Ø  Cependant le désordre économique mondial paraît bien établi : l'économie des sociétés développées ont régressé ; le chômage est toujours présent ou masqué par la dérégulation du droit du travail ("petit boulot"); Seule, l'inflation a été jugulée avec plus où moins de bonheur dans les années 80.

Ø  Les conséquences sociales sont lourdes : les "nouveaux pauvres" apparaissent ; des salariés sont aussi des SDF; la jeunesse est en plein désarroi et la consommation marque le pas.

Plus qu'une crise économique, c'est une crise de civilisation.

Publié dans COURS

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