Les Trente Glorieuses (1)

Publié le par phnaudin-daeu

LES 30 GLORIEUSES (1945-1975)

 

I – LES TRENTE GLORIEUSES : UNE EXCEPTION ECONOMIQUE

Jean Fourastié, un économiste français, a dénommé cette période "les 30 glorieuses", en référence à la fin des Bourbons, au cours de la Révolution de 1830 : les 3 glorieuses (27,28,29 juillet 1830).

Au long de cette période qui va de 1945 à 1975 la production n'a pas cessé d'augmenter.

Exemples :

*             Production de pétrole x 11

*             Production d'électricité x 12

*             Production d'acier x 6

*             Production d'automobiles x 10

 

Une croissance forte (environ 5% / an, mais aussi régulière sans crise brutale sur une longue durée sont les caractéristiques de cette période.

Rappels : la croissance est une notion chiffrée qui désigne l'augmentation de la production dans un espace donné sur une période donnée. Le PIB sert de base de calcul à la croissance. Il correspond à la somme des valeurs ajoutées des biens et services produits en un an sur le territoire national. La valeur ajoutée correspond, dans l'entreprise, au chiffre d'affaires diminué des coûts de production.

 

A)           LES CAUSES :

 

1.            Politiques :

a)            Les  accords de Bretton Woods (USA 1944) : création du système monétaire international le SMI regroupe 45 pays.

A.           le dollar est la seule monnaie convertible en or : elle devient la monnaie de réserve, c'est-à-dire une devise utilisée par les banques centrales pour constituer des réserves de change.

B.            Les taux de change entre monnaies sont fixes : c'est "la parité fixe", essentielle dans le système.

NB : bien que présents à la conférence, les Soviétiques refuseront de participer au système et refuseront que le rouble soit une devise internationale.

 

b)           le plan Marshall : (1947) offre l'aide américaine aux ex-belligérants : pour une durée de 4 ans, d'une valeur : de 13 milliards de $ US, dont 90% en nature. ( l'aide globale se montera en réalité à 23 mids $US ).

                                

c)            On crée et pour réguler les échanges mondiaux. Le  FMI (fonds monétaire international) peut octroyer des prêts aux pays membres pour soutenir leur monnaie (les Russes n'y entreront qu'en 1991)

La Banque mondiale ou BIRD a pour mission de prêter des fonds pour la reconstruction après guerre. Son objectif actuel est de réduire la pauvreté dans le monde. Le GATT (1947) n'est pas un organisme permanent Il a pour rôle de négocier un code de bonne conduite en matière de commerce international ; des négociations périodiques se déroulent : Kennedy round (1963-67), Tokyo round( 1973-79) Uruguay round (1986-93) l'organisme devient permanent en 1995 sous le sigle OMC. L'OCDE (organisation de coopération et de développement économique) succédera à l'OECE chargée de répartir l'aide du plan Marshall. L'idée est de faire coopérer les anciens ennemis, européens en particulier. 

d)           Le traité de Rome (1957) : Après le pool charbon-acier de la CECA,  les 6 participants européens vont plus loin en créant une union douanière (Marché commun) puis un ensemble économique, la CEE, qui constitue un nouveau poids lourd dans l'économie mondiale par la taille de son marché.

 

Le monde libéral  a réussi à établi r un ensemble stable et organisé où les USA sont pré-dominants : un nouvel ordre (américain) économique  s'installe.

 

 

2.            Autres facteurs  de la croissance :

  

a)            la démographie : * l'après-guerre voit l'explosion du "baby-boom" dans l'hémisphère nord, après une période de déclin démographique, tandis que l'hémisphère sud explose dans sa "transition démographique". Qui dit augmentation démographique dit marché en extension.

                                      * l'exode rural : il s'amplifie : les exploitations familiales d'entre-2 guerres ne sont plus viables ; la reconstruction constitue un appel d'air pour les ouvriers agricoles qui deviennent OS dans l'industrie.

b)           des marchés intérieurs se créent  le développement du salariat amène une augmentation du pouvoir d'achat : c'est un mouvement général dans les pays développés.

c)            Les progrès de la formation conduit à des emplois qualifiés, l'immigration  comblant les emplois non-qualifiés (dans un premier temps tenus par des ouvriers venus des empires coloniaux en Europe)

d)           Le progrès scientifique et technique, souvent conséquence directe de la recherche militaire pendant la dernière guerre, présente 4 caractéristiques principales :

  *  il est lié aux intérêts militaires et industriels (radar, nucléaire, santé, informatique…) ;

  *  il représente une part croissante du PIB ;

  *  il amène une augmentation spectaculaire des dépenses dans le secteur de la recherche

  * et un nombre croissant de chercheurs. 

e)    des découvertes fondamentales qui bouleversent la vision du monde :

*             la fission nucléaire : applications militaires et civiles.

*             La génétique : 1950 découverte de l'ADN et à la suite,création des biotechnologies et des bio-industries.

*             L'électronique envahit tous les secteurs de la vie avec la miniaturisation : 1946 : 1er ordinateur (ENIAC) ; 1972 : première "puce" ;

*             La conquête spatiale : 1957 : Spoutnik fait le tour de la Terre ; premier vol spatial habité par Y. Gagarine (1961) :; en 1969 : "on a marché sur la Lune" ; 1981 : navette spatiale américaine ; installation de réseaux de communication par satellites.

 

Pendant les 30 glorieuses, l'esprit est à la compétition (est/ouest en particulier) : on ne se pose guère de questions, sauf peut-être sur le nucléaire…

 

 

B)           LES CONSEQUENCES

1- Les états libéraux interviennent dans l'économie intérieure des pays : contrairement à la théorie libérale classique, l'économiste Keynes pense que la loi de l'offre et de la demande ne suffit pas à obtenir le plein emploi, l'absence de surproduction, ni la croissance maximale par rapport aux ressources existantes. D'où la nécessité pour les états d'intervnir pour :

*             orienter leur économie : plan Monnet en France, MITI japonais… comme un pays dirigiste (URSS) à ceci près que le plan reste incitatif et non coercitif.

*             En nationalisant les secteurs-clés : énergie, banques, transports pour favoriser, dans un premier temps la reconstruction.

*             En s'adaptant à la  conjoncture : la théorie du "stop and go" américain.

*             En induisant des stratégies à long terme par la création de "filières" et par un aménagement volontaire du territoire.

*             En agissant sur le domaine social : création de système de protection sociale et de lois encadrant le travail.

*             NB : selon les pays, les solutions trouvées diffèrent.

 

           2- l'augmentation du niveau de vie dans les pays développés :

 

*             Le manque de main-d'œuvre induit des hausses de salaire ("Ce qui est rare est cher")

*             Le crédit à la mode américaine se généralise et les foyers peuvent s'équiper de produits électroménagers ou d'automobiles;

*             La production de masse fait baisser les coûts des biens et services : on entre dans LA SOCIETE DE CONSOMMATION.

*             La concentration des entreprises qui voient leur taille augmenter par fusion ou absorption : l'organisation rationnelle du travail et des capitaux renforcés permettent de meilleures performances et des investissements pour l'avenir.

*             L'apparition des FMN qui s'implantent à l'étranger pour profiter du faible coût du travail, des avantages fiscaux ou des tarifs douaniers et faire baisser les prix.

 

                Le paysage économique est profondément modifié et on atteint les limites du système qui   s'essouffle dès la fin des années 60…

 

 

C – LES LIMITES

1-            l'inégale répartition de la richesse :

*             entre les pays développés et le Tiers-monde , déjà … mais hors sujet ici.

*             entre pays développés : 3 groupes se répartissent autour d'une moyenne de croissance de 4,5% l'an, de 1950 à 1975 (chiffres OCDE) :

 

             la RFA et le Japon : moyenne annuelle, environ 10% pour lr Japon contre 5,7% pour la RFA. Les grands vaincus, qui ont des traditions d'ordre et de discipline, vont sortir grands vainqueurs de la confrontation économique.

             L'Italie et la France : pour une moyenne annuelle de 5,4% se situent dans le groupe intermédiaire ; à noter, pour la France, la mise en place d'un plan de reconstruction méthodique et rationnel.

NB : la France élaborera des plans jusqu'en 1997 (IXeme plan).

             les retardataires : la Grande-Bretagne vit une période sombre après avoir supporté un gros effort de guerre. On navigue à vue ; on pratique le "stop and go" (= frein/accélérateur). On essaie de sauver la Livre de l'hégémonie du dollar. Les USA avec 3,7 de croissance annuelle (attention à ne pas tirer de conclusions hâtives : tout dépend du niveau de départ, dans ces calculs à % annuels). Avec des investissements massifs à l'étranger ( Plan Marshall oblige), l'économie interne s'essouffle. Cependant, le PNB a doublé en 20 ans et se crée le mythe de "l'american way of life".

*             A l'intérieur même de chaque pays développé :

             Inflation et chômage apparaissent à la fin des années 60, amputant le pouvoir d'achat des ménages

             Les écarts se creusent entre les classes sociales : les mouvements sociaux   (1968) ou politiques (extrême gauche en Allemagne et en Italie) ébranlent les sociétés libérales (au sens politiques) incapables de s'adapter

             Le taylorisme qui prône la division du travail en de multiples tâches répétitives est récusé par le monde ouvrier qui se trouve de fait devant un travail déqualifié et sans intérêt.

 

2-            la fragilité du système qui repose sur :

                 le dollar, seule monnaie internationale, ce qui donne un monopole de fait aux USA en matière monétaire : il se produit une accumulation de dollars par des états étrangers (eurodollars et pétrodollars) qui alimentent l'inflation.

             les accords internationaux qui créent des rigidités (FMI), qui sont détournés (dumping), où les USA règnent en maîtres et qui semblent dépassés par les effets pervers.

             des théories économiques nées avant-guerre et qui ne sont plus en phase avec la nouvelle donne économique (Keynes).

Publié dans COURS

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