LA FRANCE DANS LA GUERRE (I) LE REGIME DE VICHY

Publié le par phnaudin-daeu

 

LA FRANCE SOUS L’OCCUPATION

 

CHRONOLOGIE 

 

                                                                                                            

LE DÉSASTRE

 

juin 1940 : le gouvernement Reynaud, replié à Bordeaux, démissionne ; la situation militaire est dramatique aux dires de l'état-major qui refuse cependant de capituler : décision qui n'engage que les militaires et permettrait de poursuivre les combats sur d'autres fronts – solution envisagée avec les Anglais et en cours de négociations.. Ils préconisent au contraire, de demander l'armistice – décision prise par le gouvernement qui reconnaît par là même sa défaite.

Il ne s'agit pas que d'une affaire de mots...  L'exode complique la retraite des troupes.

 

Le 22 juin 1940, l'armistice est signé par Pétain  les conditions sont draconiennes :

 

➢            La France est coupée en 2 par la « ligne de démarcation », la zone Nord est occupée par les Allemands, la zone sud reste « libre », sous l'autorité administrative du maréchal Pétain...

➢            L'Alsace-Lorraine est annexée à l'Allemagne. Le Nord-pas-de-Calais est interdit et relève de Bruxelles.

➢            Les 2 millions de soldats français sont désarmés et envoyés en Allemagne comme prisonniers de guerre.

➢            Seuls 100 000 hommes sont prévus pour le maintien de l'ordre.

➢            La France doit d'énormes « frais d'occupation » en plus des « réquisitions »...

➢            Cependant, les colonies et la flotte restent françaises.

 

 

I)  LA « RÉVOLUTION NATIONALE »

 

A)     Vichy et la mise en place d'un nouveau régime

Sur pression allemande, s'installe un nouveau régime qui prend le nom  « d'Etat français », capitale Vichy. En fait, un vassal de Berlin.

 

10 juillet 1940 : L'Assemblée nationale vote les plein pouvoirs à Pétain, y compris le pouvoir de rédiger une nouvelle constitution (par 545 oui et 80 non).

11-12 juillet 1940 : Pétain promulgue les « 4 actes constitutionnels » :

 

➢            qui font de lui le chef de « l'état français »

➢            qui ajournent le Parlement

➢            qui font de Laval son successeur...

 

 A Vichy, se retrouvent tous les vaincus des combats politiques et syndicaux d'entre-deux guerres :monarchistes de l'Action française (Maurras), catholiques traditionalistes (Xavier Vallat), ex-communistes, ex-socialistes, ex-syndicalistes, déçus de la République...

 

 2 . Une révolution de droite

Des mesures franchement réactionnaires... Au début, l'opinion publique est plutôt favorable : après l'exode et le départ des prisonniers pour l'Allemagne, un sauveur serait le bienvenu !

 

➢            Le « culte du Maréchal »  s'établit : les enfants chantent « Maréchal nous voilà ! » dans les écoles et de nombreux « produits dérivés » comme on dit aujourd'hui, sont produits à l'effigie du maréchal...

➢            L'ordre moral :

 

✔            la doctrine : selon le maréchal, tout le mal vient de l'industrialisation de la France qui l'a éloignée des valeurs fondamentales, issues de la terre. Elle a été punie par Dieu pour « ses fautes originelles », à savoir les principes de la Révolution française. Il s'agit donc d'un retour aux sources avec une nouvelle société hiérarchisée et cléricale qui répond aux critères de « travail, famille, patrie ».

 

✔            les moyens :

 

Mesures en faveur des familles : allocations aux vieux travailleurs ; allocations de salaire unique.

* Mise au pas de l'enseignement public : fermeture des Ecoles normales ; subventions à l'enseignement privé ;    enseignement religieux dans les écoles publiques ; crucifix dans les classes.

* Mise au pas des collectivités territoriales : les maires sont nommés et les conseils généraux supprimés.

*   Serment d'allégeance des hauts fonctionnaires.

* Dissolution des syndicats au profit de « corporations » (à la manière italienne ou allemande) et publication d'une « charte du travail ». Les partis politiques sont interdits.

* Exaltation du travail manuel et de la terre.

* Création d'organisations para-militaires : « Légion française des combattants » ; les jeunes sont embrigadés dans les « chantiers de jeunesse ».

 

 

➢              l'exclusion : le régime rejette « l'anti-France » constituée selon lui par :

 

* la franc-maçonnerie, interdite ;

* les juifs : les 3 et 4 octobre 40, est promulgué un « statut des juifs »  qui les exclut de nombreuses professions et opère l'internement de nombreux juifs étrangers réfugiés en France. En 41, on crée successivement un « commissariat aux questions juives » et une « police des questions juives » ; les juifs font l'objet d'un recensement obligatoire (fichier juif). En mai 42, l'étoile jaune a été imposée par les Allemands dans la zone occupée aux juifs de plus de ...6 ans. Dans la zone sud, on se contente pour l'instant d'un tampon spécial sur la carte d'identité...A noter que les Allemands n'ont rien demandé sur ce plan précis.

* les communistes : depuis l'entrée en guerre de l'URSS, ils sont plutôt mal vus !

 

 

ðrecul du mythe de Pétain, sauveur de la France : dès 1941, les Français de zone libre déchantent :

 

* le ravitaillement est de plus en plus difficile ;

* la Résistance tente quelques actions isolées, contre des officiers allemands, d'où des représailles sur des otages pris au hasard.

ð durcissement du régime :

 

* on demande le fameux serment aux hauts fonctionnaires, magistrats, militaires de carrière.

* la police française prête main-forte pour traquer les « rebelles » ou « terroristes », après tractations entre Vichy ( Pétain, Darlan, Pucheu) et le Reich.

* on encourage vivement les Français à la délation, contre récompense.

 

 

II )  VICHY ET LA COLLABORATION

 

La collaboration se scinde en 2 périodes distinctes :

 

A) 1940-1942 : Vichy fait des avances aux Allemands

Par conviction ? par calcul ? pour  limiter la casse ?...En tout cas, un engrenage et un marché de dupe .

 

  * le 24 octobre 40, Pétain serre la main d'Hitler à Montoire ; les Français apprécient modérément...

       * en 41, Darlan met nos aérodromes militaires en Syrie à la disposition du Reich.

 

Pendant ce temps, à Paris, en zone occupée, les « collaborationnistes » trouvent que Vichy est bien tiède :

* ils souhaitent une alliance avec l'Allemagne.

* dénoncent le pouvoir réactionnaire et clérical de Vichy.

* qui sont-ils ? Des anciens des extrêmes : gauche, comme Doriot et Déat ; droite comme Brasillach ou Drieu La Rochelle.

* ils contrôlent la presse et la radio au bénéfice des Allemands ; ils créent « la Légion des volontaires français » qui combattront sous l'uniforme allemand sur le front russe. Certains  entrent à la Waffen SS et à la Gestapo.

Cependant ils sont trop divisés pour former un véritable parti.

 

 

B) 1942-1944 : Vichy aux ordres

 

Laval, écarté par Pétain pour excès de zèle envers l'Allemagne – ou parce qu'il porte ombrage au Maréchal – revient au gouvernement, pratiquement imposé par Hitler ð un net durcissement du régime.

✔ Le 11 novembre 42, les Allemands envahissent la zone « nono » (= non-occupée), en réponse au débarquement des Alliés en Afrique du Nord. L'avancée allemande est bloquée en URSS et Rommel s'est frotté aux FFL à Bir Hakeim (mai), avant de se faire battre par Montgomery à El Alamein. D'où la mauvaise humeur du Führer qui, une fois de plus déshonore sa signature.

✔ Du coup la flotte française, qui voit arriver les Allemands et se doute de son sort futur, se saborde le 27 novembre. Cette fois l'opinion publique n'a plus aucune illusion !

 

la collaboration économique : les exigences de Sauckel, ministre allemand chargé d'organiser l'effort de guerre...

✔ les nazis exigent des ouvriers français pour faire tourner les usines allemandes. Laval propose « la relève», c'est-à-dire l'échange d'un, puis 3 ouvriers pour un prisonnier. En définitive, il est obligé d'accepter le STO, le service du travail obligatoire, dès le début 43 : les jeunes hommes en âge de faire leur service militaire (700 000) vont partir en Allemagne pour y travaillerð un certain nombre prennent le maquis...

NB : les entreprises qui livrent 80% de leur production aux Allemands sont dispensées de STO, leurs ouvriers étant considérés comme l'accomplissant de fait.

✔ les réquisitions de toutes sortes (alimentaires, matières premières, énergie, produits finis) rendent la vie de plus en plus difficile en France pour les populations.

NB : de plus, les Allemands sont dépités : ils comptaient sur les colonies françaises pour se ravitailler en matières premières à bon marché, mais l'Empire, après quelques hésitations, s'est rangé derrière De Gaulle.

 

la collaboration militaire : Darnand et Henriot, collaborationnistes, entrent au gouvernement...

✔            En 43, ce sont des unités de Waffen SS qui sont constituées en France, avec des Français.

✔            Dès 41, Vichy mettait ses bases de Syrie et du Liban (colonies françaises depuis 18) à la disposition des Allemands ; de même, ce sont les bases françaises en Indochine qu'on propose aux Japonais.

✔            la Milice, créée en Janvier 43 à partir de la LVF de Doriot et Déat, a pour chef Joseph Darnand qui prête serment à Hitler. Elle aide la Gestapo à traquer les résistants et les juifs. Elle compte environ 30 000 hommes en 43 ; elle est affiliée à la SS et possède un corps d'élite, la Franc-garde. Elle commet des assassinats politiques (Dormoy, Basch, Mandel, Zay). En fait, un état dans l'état : Pétain n'a plus grand contrôle sur l'état français... d'autant qu'il doit soumettre ses actes à la censure allemande.

 

➢            la question juive : depuis 1942 et la conférence de Wannsee, Heydrich est chargé de mettre en place « la solution finale », c'est-à-dire l'élimination totale des Juifs par la création de camp de tavaux forcés et de camps d'extermination. Sur les 300 000 Français juifs estimés en 39, 75 000 sont déportés et 7 500 seulement reviendront des camps de concentration. Même les enfants seront envoyés à la mort : les Allemands ne l'avaient pas demandé ...

 

➢            Le retournement des consciences : C'en est trop ! L'Eglise catholique, d'abord soutien du régime de Vichy, se divise : au cours de l'été 42, le cardinal Saliège, évêque de Toulouse, puis l'évêque de Montauban, Mgr Théas proteste  vigoureusement contre cette atteinte aux droits de l'homme ; bien que censurées, leurs déclarations sont partout sous forme de tracts. ð On trouvera un certain nombre de prêtres dans la résistance cf. l'abbé Pierre.

 

 

 

 

 

 

 

 

1940

 

 

10 mai

 

16 juin

 

18 juin

 

22 juin

 

10 juillet

 

3/4 octobre

 

24 octobre

 

 

Offensive allemande

 

Démission du gouvernement Paul Reynaud  ð Pétain président du Conseil

 

Appel du général De Gaulle

 

Signature de l'armistice à Rethondes

 

Le Parlement vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain

 

Lois anti-sémites. Laval, vice-président du Conseil

 

Pétain rencontre Hitler à Montoire

 

 

1941

 

Juin

 

 

***

 

Entrée en guerre de l'URSS ð les communistes entrent dans la résistance. Premières représailles (Chateaubriand)

 

Flandrin, puis Darlan remplacent Laval, évincé

 

 

 

1942

 

Juillet

 

 

Novembre

 

 

 

Rafle du Vel'Hiv  (zone Nord)

Jean Moulin rassemble les différents mouvements de la Résistance

 

Les Allemands envahissent la zone non-occupée - Sabordage de la Flotte

Les Alliés débarquent en Afrique du Nord

 

 

1943

 

Février

 

Mai

 

Juin

 

Juillet

 

Création du STO ð les jeunes gagnent les maquis

 

Jean Moulin préside le premier Conseil National de la Résistance (CNR)

 

De Gaulle à Alger constitue le Comité français de Libération nationale

 

Les Alliés libèrent la Tunisie et entrent en Italie

 

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